Métrique en Ligne
BRS_1/BRS19
Henri BARBUSSE
Les Pleureuses
1895
LE SOIR EN FÊTE
CROIRE
Je t'entends, lorsque j'écoute…
Lorsque tu t'en es allée, 7
Tu dis : « Je ne t'aime pas ». 7
Dans la pauvre et froide allée 7
J'ai marché du même pas. 7
5 Puisque je ne l'ai pas crue, 7
Pitié d'or, ciel adouci, 7
Ombre lentement accrue 7
Oh ! ne soyez pas ainsi… 7
Comment pouvais-je te croire ?… 7
10 Je suis à toi, je vois mal. 7
Je suis ivre encor de gloire 7
Et je n'entends pas le mal. 7
On ne peut pas se reprendre 7
Comme on s'était égaré. 7
15 Il faut longtemps pour comprendre 7
Pourquoi d'autres ont pleuré. 7
Je suis l'âme douce et triste 7
Dans le temps qui va, dans l'air. 7
Si l'on est fort, je résiste, 7
20 Je suis éclair à l'éclair. 7
Je suis au-dessus du monde, 7
Des prières, des amours, 7
Je suis à toi, pauvre blonde. 7
Ce n'est que dans bien des jours… 7
25 De par la paix infinie, 7
Usé de ne plus te voir, 7
J'entrerai dans l'agonie 7
Petit à petit, le soir. 7
Il faudra bien du silence 7
30 Et dans le calme dormant, 7
J'aurai l'autre rêve immense : 7
Je croirai, tout doucement. 7
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