Métrique en Ligne
BRS_1/BRS13
Henri BARBUSSE
Les Pleureuses
1895
LE SOIR EN FÊTE
APOTHÉOSE
Ombre, musique.
Mes yeux, lassés du jour qui ment, 8
Ô ma sainte, seule en novembre, 8
Vous cherchent adorablement 8
Dans la prière de la chambre… 8
5 Je m'arrête au seuil sans couleur. 8
Le grand déluge vous abîme, 8
Et dans quelque coin de douleur, 8
Vous écoutez, travail sublime. 8
Grise dans le soir en suspens, 8
10 Et profonde des jours sans nombre, 8
Votre front s'incline et s'épand, 8
Dans un cantique de pénombre. 8
Peu à peu mes regards du jour 8
S'habituent à votre tendresse… 8
15 Je comprends l'indistinct amour, 8
Et le mystère de caresse. 8
Sur la tempe un doigt s'attendrit, 8
Comme un saint et souffrant office ; 8
La joue un peu creuse sourit 8
20 D'un sourire de sacrifice… 8
Votre cou noyé, frêle à voir, 8
Vous soutient de douce épouvante 8
Perdue en musique du soir, 8
Infinie, à peine vivante… 8
25 Je vois votre cœur rayonnant, 8
Dans la candeur crépusculaire. 8
Je vois, docile, maintenant, 8
Que votre grand cœur vous éclaire… 8
À force de tranquillité, 8
30 Vous brillez comme auprès d'un cierge, 8
Dans le soir de réalité 8
Où vous êtes un peu la Vierge. 8
La nuit tombe avec ses rayons 8
Et sanctifie en paix immense 8
35 La gloire dont nous défaillons, 8
À genoux au cœur du silence. 8
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