LE FRANC-TIREUR |
ÉPILOGUE |
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Eh bien, non !… ni succès, ni défaite !… la honte ! |
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La honte pure et simple, inévitable et prompte ; |
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L'armistice !… — Emporté par d'aveugles regrets, |
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Je ne brûlerai pas les Dieux que j'adorais ! |
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J'ignore à quelle loi fatale ils obéissent, |
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Si, trahis du destin, leurs forces les trahissent, |
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S'ils remontent les flots ou cèdent aux courants, |
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Et je ferme les yeux pour les voir toujours grands ! |
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Je ne veux rien savoir, sinon que la victime |
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Traite avec le bandit, l'honneur avec le crime, |
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Qu'une trève suffit à nous déshonorer ; |
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Et, ne maudissant pas, j'ai le droit de pleurer ! |
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Est-ce au moins le salut ?… Déjà la grande ville, |
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Préludait par l'émeute à la guerre civile ; |
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Je connais mal Paris, s'il subit votre loi, |
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Sans qu'une odeur de poudre arrive jusqu'à moi ! |
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Il est vrai qu'on festoie aux provinces du Centre, |
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Dont le cœur est, je crois, descendu dans le ventre ; |
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Une douce gaîté succède à leur terreur ; |
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L'ordre va revenir ; et… qui sait ?… l'Empereur ! — |
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Ah ! pauvre République, es-tu donc déjà morte ? |
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Les fossoyeurs sont là… — Quant aux Prussiens, qu'importe ? |
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On brave maintenant leurs bataillons épais ; |
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L'armistice, à coup sûr, amènera la paix. |
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A quel prix, ce n'est pas ce qui les embarrasse ; |
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Et, quand on donnerait la Lorraine et l'Alsace, |
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En sera-t-on moins gras ? Le beau malheur, vraiment ! |
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Des pays inconnus où l'on parle allemand… — |
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Malheureux ! des pays où l'âme de la France |
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Vers vous qui la niez jette un cri d'espérance !… |
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Dieu juste ! Dieu vengeur ! nous méritons tes coups ! |
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Voilà ce que vingt ans d'empire ont fait de nous ! |
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Allons ! c'est bien ! Donnons à Bismark la réplique |
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Soyons gais, buvons frais, tuons la République, |
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Ce Lazare importun que Dieu ressuscita ! |
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Vaincus, faisons la paix !… — Qu'en dis-tu Gambetta ? |
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29 janvier 1871.
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