Métrique en Ligne
BRJ_1/BRJ83
corpus Pamela Puntel
Jules BARBIER
LE FRANC-TIREUR
1871
LE FRANC-TIREUR
LXXXIII
LE PREMIER DE L'AN
Salut, premier jour de l'année ! 8
Porte les vœux d'un cœur navré 8
A ceux de qui la destinée 8
Me tient encore séparé ! 8
5 Heure de joie, heure effacée, 8
Qui l'an dernier nous réunis, 8
Je te revois par la pensée !… 8
L'orage a dispersé les nids ! 8
Sourires, bonheurs éphémères !… 8
10 Où sont-ils les cris triomphants, 8
Les doux embrassements des mères, 8
Les baisers joyeux des enfants ?… 8
Il a fallu qu'un roi Guillaume, 8
Avec son peuple d'estafiers, 8
15 Sortît botté de son royaume 8
Pour fouler nos cœurs sous ses pieds !…– 8
Ah ! viens chasser ces ombres vaines, 8
Chère compagne de mes jours ! 8
Fais planer plus haut que mes haines 8
20 Le souvenir de nos amours ! 8
Pauvre âme !… La voilà qui pleure !… 8
Ils ont sans doute, les bandits, 8
Fait un enfer de la demeure 8
Qui fut pour elle un paradis ! 8
25 L'arbuste qu'on planta soi-même, 8
La fleur qu'on sauva des hivers. 8
Le jardin, la maison qu'on aime, 8
Et dont on fit son univers ! 8
Le noyer penché sur la route !… 8
30 Que sais-je ?… mille riens charmants ; 8
Tout cela saccagé sans doute !… 8
Ruines et débris fumants !… 8
Et toi, vieux portrait Je famille, 8
Tableau mal peint, mais adoré !… 8
35 Et vous, meubles de jeune fille !… 8
Un uhlan s'y sera vautré ! 8
Puis, épouvantables pensées ! 8
Paris vainement défendu ! 8
De chères têtes menacées !… 8
40 Des Mots de sang !… Tout est perdu !… 8
— Non !… quelle est cette terreur folle ? 8
Calme-toi, reprends tes esprits ! 8
Non ! je t'en donne ma parole, 8
Ces gueux ne prendront pas Paris !1 8
45 Vois si ma tendresse inquiète 8
Eut tort d'épargner à ton cœur 8
Les angoisses de la tempête, 8
Au risque d'un regard moqueur ! 8
Hélas ! quand pour d'autres je tremble. 8
50 Fallait-il donc trembler pour toi ?… 8
Notre exil au moins nous rassemble ; 8
Le malheur glissera sur moi ! 8
La sottise ou la calomnie 8
Peuvent regarder de travers 8
55 Cette main à la tienne unie… 8
Je laisse répondre mes vers ! 8
L'auteur croyait encore au général Trochu.
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