Métrique en Ligne
BRJ_1/BRJ61
corpus Pamela Puntel
Jules BARBIER
LE FRANC-TIREUR
1871
LE FRANC-TIREUR
LXI
L'IDÉE
Ah ! nous aurons vécu d'éternelles années !… 12
Victoire insaisissable ! injurieux destin ! 12
Triomphes décevants ! gloires empoisonnées ! 12
Espérances d'un jour que le soir a données, 12
5 Qu'emporte le matin ! 6
Quoi ! Français ! le hasard vous fera cet outrage ? 12
Quoi f la brutalité de ces hordes sans nom 12
Aura fait reculer votre héroïsme ?… O rage ! 12
Vous avez le bon droit, vous avez le courage 12
10 Ils n'ont que le canon ! 6
Orléans retombé dans-leurs mains !… et dans l'ombre 12
Les dévastations, le pillage et la mort ! 12
Nos malheureux soldats écrasés sous le nombre ! 12
Dieu juste ! veux-tu donc que le navire sombre, 12
15 Quand nous touchions au port ? 6
Et Guillaume, adorant ta puissance infinie, 12
Dans sa piété fauve, encense tes autels ; 12
Et cette royauté se redresse impunie ; 12
Et sur mon propre cœur ma sanglante ironie 12
20 Retombe en traits mortels ! 6
Et les rois, ses vassaux, entreront en campagne 12
Et quelque jour peut-être un sol républicain 12
Le verra couronner empereur d'Allemagne ; 12
Et ce prince enivré se croira Charlemagne, 12
25 Ou du moins Charles-Quint ! — 6
Non ! la force ne peut anéantir l'idée !… 12
Sur une foi nouvelle un nouveau jour a lui. 12
Puissance des Césars, par le glaive gardée, 12
Quand, du haut de sa croix, Jésus t'eut regardée 12
30 Le monde fut à lui ! 6
Que les princes, les rois, et l'Allemagne entière. 12
Glaives, canons, fusils, soldats et nation 12
Se rassemblent ; l'esprit brisera la matière, 12
Et tu feras tomber ces foules en poussière. 12
35 O Révolution ! 6
Non, je ne doute pas ; et mon ardente veille, 12
En enflammant ces vers, a ranimé m'a voix ! 12
La nuit a raffermi mon âme, et la conseille ; 12
Et je m'écrie, avec Pauline de Corneille : 12
40 Je vois ! je sais ! je crois ! 6
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