LE FRANC-TIREUR |
XLVIII |
LA REVANCHE |
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Enfin !… une victoire a relevé nos armes ! |
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Un jour heureux nous luit, après trois mois de larmes ! |
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Les petits-fils de ceux qui furent des géants, |
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Dans un élan superbe, ont repris Orléans ! |
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Emporté les canons Prussiens à l'arme blanche !… |
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Le sort est conjuré : voici notre revanche ! |
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Car il ne s'agit pas seulement du salut ; |
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On vous l'a dit, soldats ; la revanche est le but ! |
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La France (sans chercher d'inutiles batailles), |
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Ne peut faire la paix qu'après les représailles ! |
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Peut-être est-il des gens pétris d'humanité |
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Dont ce mot blessera la sensibilité. |
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Eh ! quoi ?… Soyons Français, avant d'être sensible ! |
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Cette guerre a rendu le pardon impossible. |
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Strasbourg est dépassé ! Par les crimes commis |
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Nous pouvons aujourd'hui juger nos ennemis. |
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L'histoire en fera foi, ces chenapâns infâmes |
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Ont brûlé dans leur lit de pauvres vieilles femmes ; |
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Traîné, pour essayer des supplices nouveaux, |
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Nos mobiles mourants aux crins de leurs chevaux ; |
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Précipité, broyé, pareils aux cannibales, |
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Des blessés dont le corps était troué de balles ; |
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Massacré des convois de prisonniers, au seuil |
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De leurs propres maisons, dans leur village en deuil ; |
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Dévasté, saccagé, pillé, pour leurs maîtresses, |
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Pour rien, par passe-temps, au gré de leurs ivresses ; |
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Enfin, comme auraient fait les chauffeurs d'autrefois ; |
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Assassiné, volé la France au coin d'un bois !… |
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Que voulez-vous de plus, vous qu'un mot effarouche |
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Mieux encore ! greffant Tartuffe sur Cartouche, |
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Ces braves gens, si prompts à nous dévaliser, |
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Ont pour but, disent-ils, de nous moraliser ! |
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La fin rend, comme on sait, les moyens légitimes ; |
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Et l'on rend grâce à Dieu d'avoir béni des crimes ! |
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Et ces brutes du Nord, sous leurs crânes épais, |
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En seraient aujourd'hui quittes avec la paix !… |
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Non ! j'en appelle à toi, Dieu, justice éternelle, |
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La guerre sainte après la guerre criminelle ! |
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Les mêmes cruautés ne suivront point nos pas ; |
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— Les Français ont un cœur ; les Prussiens n'en ont pas, – |
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Mais il faut, en dépit d'une pitié vulgaire, |
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Sur leur propre terrain leur reporter la guerre ! |
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Assurons l'avenir, dont l'Europe s'émeut !… |
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Dieu des rois !… c'est le Dieu des peuples qui le veut ! |
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Novembre 1870.
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