| LE FRANC-TIREUR |
| XXX |
| LES MARTYRS |
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Les habitants avaient déserté le village, |
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Affolés de terreur ; arrivent les Prussiens. |
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C'est la nuit. L'officier fait mander par les siens |
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Le maire, homme de cœur, déjà courbé par l'âge. |
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« Il me faut, lui dit-il, telle somme d'argent… |
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» Ne me répliquez pas, et soyez diligent ! » |
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— « Où la trouver ? » dit l'autre. |
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— « Où la trouver ? » dit l'autre. — » Il ne m'importe guère ! |
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» Où vous voudrez !… » |
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» Où vous voudrez !… » — » Mais quoi ! dit encor le vieillard, |
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» Le village est désert ; ce serait grand hasard |
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» Qu'un denier s'y trouvât, épargné par la guerre ! » |
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— » Cherchez-moi cet argent, vous dis-je, et de ce pas ! |
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» Ou sinon… |
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» Ou sinon… — » Je vous dis que je ne l'aurai pas ! » |
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Le Prussien furieux, du plat de son épée, |
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Le soufflette !… |
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Le soufflette !… — » A genoux !… qu'on le fusille !… » |
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Le soufflette !… — » A genoux !… qu'on le fusille !… » Dieu !… |
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En Prusse, le soldat devient une poupée, |
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Qui vous tue en trois temps : arme, ajuste, fait feu !… |
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Le vieillard est gisant. Sa fille en ce repaire |
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Accourt au bruit, regarde aux clartés d'un flambeau |
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Chancelle, et tombe morte à côté de sors père !… |
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Hélas ! pauvres martyrs, avez-vous un tombeau ?… — |
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J'ignore de quel nom cet officier se nomme ; |
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Mais c'était, m'a-t-on dit, un élégant jeune homme ; |
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Peut-être de ceux-là qu'aux Eaux de l'Empereur, |
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A Hombourg, l'an dernier, j'ai vu sourire aux belles, |
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Et jaser, et flirter, sans trouver de rebelles, |
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Le sabre leur battant les talons !… |
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Le sabre leur battant les talons !… O fureur ! |
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O rage inassouvie où passe toute l'âme !… |
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Tenir cet homme… et là, le genou sur son sein, |
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Fustiger, labourer ce visage assassin |
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De soufflets !… entends-tu ?… te souffleter, infâme ! |
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Octobre 1870.
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