Métrique en Ligne
BRJ_1/BRJ25
corpus Pamela Puntel
Jules BARBIER
LE FRANC-TIREUR
1871
LE FRANC-TIREUR
XXV
LES PRINCES D'ORLÉANS
« Faux frère ! dira-t-on ; il rompt enfin la glace ! » 12
— Non !… Je les aime trop, ces Princes, j'en conviens, 12
Pour souhaiter jamais que le trône les fasse 12
Déchoir du rang de citoyens ! 8
5 Vieux collège, témoin de leurs jeunes années, 12
Tu sais, quand le travail, dans sa fraternité, 12
Vers des buts si divers guidait nos destinées, 12
S'ils pratiquaient l'égalité ! 8
Ce n'était pas encor le temps des mascarades ; 12
10 Loin de les décerner, ils remportaient les prix ; 12
Les Princes n'avaient pas alors pour camarades 12
Les huit collèges de Paris. 8
Même, je me souviens d'un drame humanitaire 12
Où l'un d'eux, avec moi, prônant nos droits conquis, 12
15 De toutes les vertus parait le prolétaire, 12
Et vilipendait le marquis. 8
J'ai le cœur assez haut, dut un regard oblique 12
Blâmer ces amitiés d'enfance et m'en punir, 12
Pour saluer d'un cri joyeux la République, 12
20 Sans renier leur souvenir. — 8
Qu'ont fait ces fils de roi ? Comme l'aiguille au pôle, 12
Pour sauver le pays ils vont droit au drapeau ! 12
Ils entrent dans le port, sans aigle sur l'épaule. 12
Et sans appât dans leur chapeau. 8
25 Chacun a ses façons de descendre à Boulogne : 12
Aux budgets à venir d'un Empire naissant 12
Les uns apporteront leurs dettes sans vergogne, 12
Les autres apportent leur sang ! 8
La République alors les adjure et leur crie : 12
30 « Princes, en votre honneur la France ose espérer ! 12
» Vous venez pour défendre et venger la patrie, 12
» Et vous allez la déchirer !… » 8
La France espérait bien !… Leur âme en vain s'élance, 12
Vers ces champs de bataille où d'autres tomberont ! 12
35 On les voit essuyer une larme en silence, 12
Et partir, la pâleur au front ! 8
Voilà tous leurs complots : le courage et les larmes. 12
C'est l'amour du pays qui les avait armés ; 12
C'est l'amour du pays qui fait tomber leurs armes, 12
40 Sans même qu'ils se soient nommés ! 8
S'ils avaient cependant engagé leur parole, 12
On pouvait accueillir sans peur leur dévoûment ; 12
Pour ces cœurs-là l'honneur n'est pas un mot frivole : 12
Ils savent tenir un serment ! 8
45 Résignés, et soumis à cette loi fatale, 12
En fuyant la patrie ils s'en ouvrent l'accès ; 12
Ils réclament leur part de la terre natale, 12
Non en princes, mais en Français ! 8
L'aigle seul est dressé pour la guerre civile !… 12
50 Si la France leur crie encore : halte-là ! 12
Leur mot de passe est prêt : Vera-Cruz ! dit jonville, 12
D'Aumale répond : la Smala ! 8
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