Métrique en Ligne
BRI_2/BRI80
Auguste BRIZEUX
LA FLEUR D’OR
1874
LIVRE QUATRIÈME
A FLORENCE
L’Église byzantine
UNE lune d’argent se penchait sur la terre ; 12
Nous, dans Pise la Sainte arrivés, aussitôt 12
Nous avons fait trois fois le tour du baptistère, 12
Comme des pèlerins au temps du bon Giotto, 12
5 Et là, tout enivrés d’extases enfantines, 12
Dôme, nous embrassions tes portes byzantines ; 12
Puis cet hymne d’amour qu’inspire la beauté 12
S’exhalant de mon âme, en pleurant j’ai chanté : 12
I
« De l’union des temps religieux symbole, 12
10 Salut, art opulent, ô bel art byzantin, 12
Où l’Europe et l’Asie ont mêlé leur parole 12
Dans un accord libre et divin ! 8
II
« L’esprit s’était enfui des temples de l’Attique, 12
Pour son âge nouveau leur voûte manquait d’air ; 12
15 Et voici qu’attristé du sombre arceau gothique, 12
Il cherche un autre asile aussi calme et plus clair, 12
À lui-même plus harmonique. 8
III
« Tu pourras l’accueillir, art humain et sacré, 12
Avec toi l’âme monte à Dieu sans s’y confondre : 12
20 Salut, docte formule, ô modèle épuré. 12
Où des temps opposés les lois viennent se fondre ! » 12
Et nous allions encor par la noble cité, 12
Aspirant son air doux, rasant ses larges dalles : 12
Tout brillait revêtu d’une molle clarté, 12
25 Les vieux murs crénelés et les tours féodales ; 12
Et le chantre évoqué des choses idéales, 12
Dante nous précédait avec solennité. 12
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