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LUCY, depuis un temps, lors même qu’on te loue, |
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Une rougeur soudaine éclate sur ta joue, |
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Ta voix hésite et tremble, et tes regards troublés |
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S’éteignent à travers tes cils longs et mouillés : |
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Quand ton âme est sans tache, oh ! pourquoi cette honte, |
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Et sur ton front si blanc cette rougeur qui monte ? |
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Enfant, ah ! pauvre enfant en proie au ver rongeur ! |
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Cette hydre dévorante et qu’on nomme rougeur. |
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Je la connais ! Deux ans, jeune et l’âme encor pure. |
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Grandissant comme toi, j’ai senti sa morsure, |
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Et son souffle de feu, vif et subtil poison, |
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Courir par tous mes sens et troubler ma raison. |
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N’est-ce pas ? Dans le cœur c’est comme une hydre affreuse, |
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Qui sans cesse y retord ses anneaux et le creuse, |
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Et jamais ne sommeille, et cherche à s’élancer |
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Dès qu’un œil attentif sur vous vient se fixer ; |
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La flamme de son corps vous consume au passage, |
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Elle sort par vos yeux, luit sur votre visage, |
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L’air manque, tous vos sens sont domptés à la fois, |
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Et vous restez sans pouls, sans regards et sans voix !… |
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O tourment de l’enfer, honte, éternel supplice |
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Qui marque la vertu de la couleur du vice, |
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À la tendre innocence ôte son doux repos, |
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Et son rire si frais, et tous ses gais propos !… |
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Prends courage pourtant, ô blonde enfant qu’on aime. |
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Lasse de sa victime, un jour et d’elle-même |
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La rougeur s’en ira ; mais alors dans ton cœur |
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Avec son trouble aimable entrera la pudeur. |
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