Métrique en Ligne
BRI_2/BRI135
Auguste BRIZEUX
LA FLEUR D’OR
1874
LIVRE HUITIÈME
A PARIS
Camées
I
ALICE
LORSQUE arriva le jour de sa vingtième année, 12
Elle pleura ! Longtemps vers son passé tournée, 12
Où de sa vie en fleur le parfum nous troubla, 12
Blanches illusions, colombes matinales, 12
5 Rire et pleurs enfantins, jeux, grâces virginales, 12
Longtemps elle vous appela ! 8
Mais, ô consolateur. Amour, vous étiez là. 12
II
ÉLIA
Élia conduisit l’Amour dans ma maison, 12
Enfant qui d’un regard vous trouble la raison : 12
10 Voix de cristal vibrante en ma mémoire. 10
Et longs cheveux sur un long col d’ivoire. 10
Ainsi, par Élia ramené chaque jour. 12
Entre elle et moi jouait l’enfant qu’on nomme Amour, 12
Amollissant au miel de sa parole 10
15 Notre âme, hélas ! déjà bien faible et molle. 10
Mais, sitôt qu’il se crut de nous deux triomphant, 12
Nous vîmes s’assombrir les traits du bel enfant ; 12
Sa douce voix devint aigre, des rides 10
Creusaient les bords de ses tempes arides, 10
20 Il se traînait vers nous lent, froid, découragé : 12
En Haine avec le temps l’Amour s’était changé. 12
III
LUCY
Lucy, je te revois plus grande, et dans ton cœur 12
Pour le troubler encor se glisse la Pudeur. 12
Oh ! suis bien ses conseils si tu veux être belle ! 12
25 D’une marche décente apprends l’art auprès d’elle. 12
Tous les secrets charmants de la virginité : 12
Comme un voile qui tombe ajoute à la beauté, 12
Et les mots qu’on peut dire et ceux qu’on peut entendre, 12
Et lorsque le regard doit être grave ou tendre, 12
30 Puis les plaisirs naïfs, la bonté, la candeur ; 12
Si tu veux être belle, écoute la Pudeur. 12
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