LIVRE SEPTIÈME |
A VENISE |
Væ Victis |
Pour moi, je regarde ces Vénètes
(de la Gaule) comme les fondateurs
de Venise dans le golfe Adriatique.
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ST RAB., LIV. IV.
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L’ÉCHO des temps passés n’est-il pas mort en vous, |
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Gaulois-Italiens ? Savez-vous qui vous êtes ? |
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De graves érudits vont répétant chez nous : |
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« Oui, les Vénitiens sont enfants des Vénètes. » |
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Et moi, de votre gloire amoureux et jaloux, |
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Comme un frère je pleure ici sur vos défaites. |
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Tous ces hommes du Nord au visage épaté |
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Ce soir nous observaient, et lui, brave jeune homme, |
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Élevé dans l’orgueil de sa belle cité : |
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« Oh ! Venise avilie, et vous, Florence et Rome ! » |
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Vinrent d’autres soldats leur baguette à la main, |
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Lui, pâle, m’entraîna par un autre chemin : |
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« Oui, fuyons, taisons-nous, car nous n’avons plus d’armes. |
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Ils ont pris nos couteaux, car nos couteaux tuaient. |
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Le dirai-je (et ses yeux se gonflèrent de larmes) ? |
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Nous hommes d’un sang noble, ô dieux ! ils nous frappaient. |
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Væ victis ! mot cruel qui durement s’expie ! |
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Le sais-tu,Brenn* féroce, ô sauvage insensé ? |
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Ainsi tu t’écriais, le fer sur l’Italie ; |
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Hélas ! sur tes enfants l’anathème a passé. |
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Vous donc, vainqueurs nouveaux, plus de parole impie : |
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Ce dard revient frapper le bras qui l’a lancé. |
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Oui, malheur aux vaincus, car le plus fort abuse, |
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Il aime sous ses pieds à fouler tous les cœurs : |
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Mais le joug le plus dur pourtant faiblit et s’use, |
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L’esclave s’affranchit ou par force ou par ruse. |
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Tôt ou tard malheur aux vainqueurs !… |
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O changement du sort ! ô justice confuse ! |
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Flux, reflux éternels et de sang et de pleurs ! |
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