Métrique en Ligne
BRI_1/BRI13
Auguste BRIZEUX
Marie
1831
LA CHANSON DE LOÏC
Dès que la grive est éveillée, 8
Sur cette lande encor mouillée 8
Je viens m'asseoir 4
Jusques au soir ; 4
5 Grand'mère, de qui je me cache, 8
Dit : « Loïc aime trop sa vache. » 8
Oh ! Nenni-da ! 4
Mais j'aime la petite Anna. 8
À son tour, Anna, ma compagne, 8
10 Conduit derrière la montagne, 8
Près des sureaux, 4
Ses noirs chevreaux ; 4
Si la montagne, où je m'égare, 8
Ainsi qu'un grand mur nous sépare, 8
15 Sa douce voix, 4
Sa voix m'appelle au fond du bois. 8
Oh ! Sur un air plaintif et tendre, 8
Qu'il est doux au loin de s'entendre, 8
Sans même avoir 4
20 L'heur de se voir ! 4
De la montagne à la vallée 8
La voix par la voix appelée 8
Semble un soupir 4
Mêlé d'ennuis et de plaisir. 8
25 Oui, retenez bien votre haleine, 8
Brise étourdie, ou dans la plaine, 8
Parmi les blés, 4
Courez, volez ! 4
Ah ! La méchante est la plus forte, 8
30 Et dans les rochers elle emporte 8
La douce voix 4
Qui m'appelait au fond du bois. 8
Encore ! Encore ! Anna, ma belle ! 8
Anna, c'est Loïc qui t'appelle ! 8
35 Encore un son 4
De ta chanson ! 4
La chanson que chantent tes lèvres, 8
Lorsque pour amuser tes chèvres, 8
Petite Anna, 4
40 Tu danses ton gai ta-ra-la ! 8
Oh ! Te souvient-il de l'yeuse 8
Où tu montas, fille peureuse, 8
Quand tout à coup 4
Parut le loup ? 4
45 Sur l'yeuse encor, ma mignonne, 8
Que parmi les oiseaux résonne 8
Ta douce voix, 4
Ta voix qui chante au fond du bois ! 8
Mais quelle est derrière la branche 8
50 Cette fumée errante et blanche 8
Qui lentement 4
Vers moi descend ? 4
Hélas ! Cette blanche fumée, 8
C'est l'adieu de ma bien-aimée, 8
55 L'adieu d'amour, 4
Qui s'élève à la fin du jour. 8
Adieu donc ! — contre un vent farouche 8
Au travers de mes doigts ma bouche 8
Dans ce ravin 4
60 L'appelle en vain ; 4
Déjà la nuit vient sur la lande ; 8
Rentrons au bourg, vache gourmande ! 8
ô gui-lan-la ! 4
Adieu donc, ma petite Anna ! 8
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