Métrique en Ligne
BRB_1/BRB16
Auguste BARBIER
Ïambes et poèmes
1831
ÏAMBES
LE PROGRÈS
À quoi servent, grand dieu ! Les leçons de l'histoire 12
Pour l'avenir des citoyens, 8
Et tous les faits notés dans une page noire 12
Par la main des historiens, 8
5 Si les mêmes excès et les mêmes misères 12
Reparaissent dans tous les temps, 8
Et si de tous les temps les exemples des pères 12
Sont imités par leurs enfants ? 8
Ô pauvres insensés ! Qui, le front ceint de chêne 12
10 Devant l'univers enchanté, 8
Voilà six ans bientôt, entonnions d'une haleine 12
L'hymne brûlant de liberté ! 8
Nous chantions tous en chœur, dans une sainte ivresse, 12
La vierge pure comme l'or, 8
15 Sans penser que plus tard l'immortelle déesse 12
Devait tant nous coûter encor. 8
Nous rêvions un ciel doux, un ciel exempt d'orages, 12
Un éternel et vaste azur, 8
Tandis que sur nos fronts s'amassaient les nuages : 12
20 L'avenir devenait obscur. 8
Et nous avons revu ce qu'avaient vu nos pères, 12
Le sang humain dans les ruisseaux, 8
Et l'angoisse des nuits glaçant le cœur des mères, 12
Quand le plomb battait les carreaux ; 8
25 Le régicide infect aux vengeances infâmes 12
Et ses stupides attentats, 8
La baïonnette ardente entrant au sein des femmes, 12
Les enfants percés dans leurs bras : 8
Enfin les vieux forfaits d'une époque cruelle 12
30 Se sont tous relevés, hélas ! 8
Pour nous faire douter qu'en sa marche éternelle 12
Le monde ait avancé d'un pas. 8
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