XIII |
L'ALOÈS |
|
Il poussait, à l'écart, plein d'un immense ennui, |
12 |
|
Sinistre, hérissé, comme pour les querelles. |
12 |
|
L'abeille, en frissonnant, se détournait de lui ; |
12 |
|
Les fleurs le regardaient et chuchotaient entre elles. |
12 |
|
5 |
‒ « D'où vient qu'il est morose et n'épanouit pas |
12 |
|
Son calice odorant sous le baiser des brises ? |
12 |
|
Au mois des papillons, a-t-il peur des frimas ? » |
12 |
|
Demandait la pervenche aux jacinthes surprises. |
12 |
|
|
‒ « Il est donc sourd ? » disaient les rosiers éclatants ; |
12 |
10 |
‒ « Aveugle ? » murmurait l'oeillet à rouge crête ; |
12 |
|
« Il n'entend pas tinter la cloche du printemps, |
12 |
|
Il ne voit pas le ciel dans ses habits de fête ! » |
12 |
|
|
Au bruit de leurs discours, le monstre qui dormait |
12 |
|
Leva sa tête étrange, avec un long murmure, |
12 |
15 |
Et, tout autour de lui, de la base au sommet, |
12 |
|
Son feuillage acéré sonna comme une armure : |
12 |
|
|
‒ « Pauvres petites fleurs, que je verrai mourir, |
12 |
|
« Je ne suis pas gonflé d'une séve ordinaire, |
12 |
|
« Mon calice effrayant met un siècle à s'ouvrir, |
12 |
20 |
« Et mes éclosions sont des coups de tonnerre ! » |
12 |
|