MÉTRIQUE EN LIGNE

Métrique en Ligne

BOU_3/BOU122

Louis BOUILHET

DERNIÈRES CHANSONS

1869

LV

ABRUTISSEMENT

	Les hommes sont si mauvais	7
	Que, sans pleurer, je m'en vais	7
	Du monde.	2
	Pour la haine ou l'amitié	7
5	Je n'ai plus qu'une pitié	7
	profonde.	2

	Au point de nous empester,	7
	Chaque jour on voit monter	7
	Les fanges.	2
10	Dans mon désespoir fougueux	7
	Je ne crois pas plus aux gueux	7
	Qu'aux anges.	2

	J'ai souffert tant de tourments,	7
	J'ai connu tant de serments	7
15	Frivoles,	2
	Que j'évite avec grand soin,	7
	Amour, les lieux où de loin	7
	Tu voles !	2

	Las d'aller, les bras pendants,	7
20	Des noirs coquins aux pédants	7
	Moroses,	2
	J'ai placé tout mon orgueil	7
	À planter près de mon seuil	7
	Des roses.	2

25	Je mange et je dors en chien	7
	Plus rien de noble et plus rien	7
	D'austère !	2
	Comme d'un cruchon fêlé,	7
	Mon esprit s'en est allé	7
30	Par terre.	2

	Tout, d'ailleurs, en ce séjour,	7
	Suit le maître, et par amour	7
	L'imite ;	2
	Et la nature a lutté	7
35	Avec ma stupidité	7
	D'ermite.	2

	Les arbres de mon jardin	7
	Penchent d'un air anodin	7
	Leurs têtes ;	2
40	Et les bêtes dans ma cour	7
	Deviennent de jour en jour	7
	Plus bêtes.	2

juin 1869.