Métrique en Ligne
BOU_3/BOU106
Louis BOUILHET
DERNIÈRES CHANSONS
1869
XXXIX
AU GRAND TONNEAU D'HEIDELBERG
Monstre des temps homériques, 7
Dans les nôtres déclassé ; 7
Polyphème des barriques, 7
Dont l'oeil au ventre placé 7
5 Provoque avec assurance 7
‒ avortons d'un siècle obtus ‒ 7
Nos tonneaux qui sont en France, 7
Étroits comme nos vertus ! 7
Foudre géant, qu'à ta forme 7
10 On prendrait pour un vaisseau, 7
Du bon vin cercueil énorme 7
Dont je possède un morceau. 7
Je veux, plein d'un effroi vague, 7
Et m'agenouillant trois fois 7
15 ‒ comme un dévot dans sa bague 7
Met un fragment de la croix ‒ 7
Sur un reposoir gothique, 7
Dans un coffret de satin, 7
Enchâsser ton bois mystique, 7
20 Tiède aussi d'un sang divin ! 7
Heidelberg !… par tes féeries, 7
Par tes gnomes familiers, 7
Par tes noires brasseries 7
Où chantent tes écoliers, 7
25 Par ton château, sous les nues 7
Debout comme un souvenir, 7
Au nom des splendeurs connues 7
Et des gloires à venir, 7
Puisse au loin, joyeux cratère, 7
30 Ton fût, sur tes monts planté, 7
Envahir toute la terre 7
Sous un flot de volupté ! 7
Et puisse la paix féconde, 7
Comme dans un saint anneau, 7
35 Un jour enfermer le monde 7
Au cercle de ton tonneau !… 7
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