Métrique en Ligne
BOU_3/BOU100
Louis BOUILHET
DERNIÈRES CHANSONS
1869
XXXIII
À LA LUNE
Ô toi qui dans le vieux Paris, 8
Comme quelqu'un qu'on doit connaître, 8
Venais tout le long des toits gris 8
Me regarder par ma fenêtre ; 8
5 Toi qui, du bout de tes rayons, 8
Répandais, veilleuse obstinée, 8
Tes pâles consolations 8
Sur le noir de ma destinée ! 8
Soeur de la terre, astre charmant, 8
10 Loin des cités où l'homme est chiche, 8
Quels bons coins sous le firmament 8
Je te ferais, ‒ si j'étais riche ! 8
Que de bois profonds j'offrirais, 8
Ô lune, à tes pudeurs jalouses, 8
15 À tes ébats, que de lacs frais, 8
À tes langueurs, que de pelouses ! 8
Oh ! Les frais coteaux pour s'asseoir ! 8
Oh ! Le sable uni des terrasses 8
Où tu promènerais, le soir, 8
20 Tes pieds d'argent, aux blanches traces ! 8
Comme, sans peur d'événements, 8
On verrait, en lueurs superbes, 8
Tout ton collier de diamants 8
S'égrener dans les hautes herbes ! 8
25 Et comme tu pourrais encor, 8
À l'abri des vertes arcades, 8
Balayer, de ta robe d'or, 8
L'escalier bruyant des cascades ! 8
‒ « Pauvre ami, dit l'astre aux yeux doux, 8
30 La plus chère de mes retraites 8
Est encor le crâne des fous, 8
Ou la cervelle des poëtes !… » 8
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