Métrique en Ligne
BOU_2/BOU62
Louis BOUILHET
POÉSIES. FESTONS ET ASTRAGALES
1859
LA DERNIÈRE CHANSON
J'ai voulu, le premier jour, 7
Vendre mes chansons d'amour ; 7
J'étais bien novice ! 5
O mes dignes manuscrits, 7
5 L'épicier qui vous a pris 7
M'a rendu service. 5
Le second, j'ai, sur le quai, 7
Vendu mon couvert marqué, 7
Vieux meuble d'histoire, 5
10 Où mon aïeule, en mordant, 7
Cassa sa dernière dent, 7
Sous le Directoire. 5
Le troisième, Dieu merci, 7
J'ai vendu ma montre aussi, 7
15 Ma montre perfide, 5
Qui s'amusait à sonner 7
L'heure exacte du dîner 7
Sur mon ventre vide ! 5
Le quatrième, ô bonheur ! 7
20 J'ai vendu mon prix d'honneur 7
Pour six francs cinquante ! 5
De ma gloire d'autrefois 7
J'ai fait deux dîners ou trois… 7
Sans vin d'Alicante ! 5
25 Aujourd'hui, je n'ai plus rien, 7
Et mon ventre, comme un chien, 7
Aboie à la lune. 5
Aujourd'hui, pour tout trésor, 7
Je garde la bague d'or 7
30 De Nina la brune ! 5
Tais-toi, mon ventre affamé ; 7
Celui-là qui fut aimé 7
Sourit quand il tombe ; 5
Le néant sera moins froid, 7
35 Si je peux, sa bague au doigt, 7
Dormir dans ma tombe ! 5
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