Métrique en Ligne
BOU_2/BOU51
Louis BOUILHET
POÉSIES. FESTONS ET ASTRAGALES
1859
LES LARMES DE LA VIGNE
I
Mars est venu, la vigne pleure : 8
Le vent du nord, passant brutal, 8
Fait, sur les branches qu'il effleure, 8
Rouler des perles de cristal ; 8
5 Et, peu sensible à tes alarmes, 8
Au flanc des côtes sans chemins, 8
La terre boit tes grandes larmes, 8
Consolatrice des humains. 8
Oh ! dis-nous, se peut-il qu'on voie, 8
10 Pour calmer nos âpres douleurs, 8
Sortir un jour des flots de joie 8
De tes rameaux gonflés de. pleurs ? 8
II
Toute joie a sa source amère : 8
Poëte, ne t'étonne pas 8
15 Si je suis triste, moi, la mère 8
De l'ivresse et des gais repas. 8
Le ciel, jaloux du vin qui charme, 8
A taxé mon philtre puissant, 8
Et je paie aux dieux une larme 8
20 Pour chaque goutte de mon sang. 8
Toi-même, à l'heure du délire, 8
N'entends-tu pas avec effroi 8
Monter, aux strettes de ta lyre, 8
Tous les sanglots qui sont en toi ? 8
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