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BOU_2/BOU44
Louis BOUILHET
POÉSIES. FESTONS ET ASTRAGALES
1859
BUCOLIQUE
Quand, pareilles aux blés mûrs, 7
Les étoiles toutes blondes 7
Ont couvert des cieux obscurs 7
Les solitudes profondes, 7
5 La nuit se met en chemin, 7
Moissonneuse à la peau brune 7
Qui, pour faucille, à sa main 7
Tient le croissant de la lune ; 7
Par le vaste firmament, 7
10 Elle fauche, à perdre haleine, 7
Les épis de diamant 7
Qui se couchent sur la plaine. 7
Mais le temps la presse fort, 7
La besogne est malaisée, 7
15 Et, sur la terre qui dort, 7
Sa sueur tombe en rosée ; 7
Dans son grand sac tout gonflé, 7
Elle emporte les javelles 7
Qui, comme des grains de blé^ 7
20 Vont semant leurs étincelles ; 7
Puis, quand revient le jour bleu, 7
Elle court, traînant ses voiles, 7
Dans les greniers du bon Dieu 7
Tasser ses gerbes d'étoiles. 7
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