Métrique en Ligne
BOU_2/BOU32
Louis BOUILHET
POÉSIES. FESTONS ET ASTRAGALES
1859
LES FLAMBEAUX
Du sage qui médite et pèse, en soupirant, 12
Les choses de la vie, 6
L'huile onctueuse, au bord du vase transparent, 12
Éclaire l'insomnie ! 6
5 Couronné de verveine, et tout léger d'espoir, 12
Entre ses mains joyeuses, 6
L'hyménée, en chantant, secoue au vent du soir 12
Les torches résineuses ! 6
Berçant sur les festin son gracieux essor, 12
10 La lampe parfumée 6
Semble voguer dans l'air, comme un navire d'or 12
A la poupe enflammée ! 6
La taverne, accroupie au pied du Quirinal, 12
Rayonne sur la rue, 6
15 Et fait voir au passant, sous son rouge fanal, 12
La courtisane nue ! 6
Le feu de l'atrium, en ses bonds indécis, 12
Tremble, sous le portique, 6
Et jette un gai reflet aux pénates assis 12
20 Près du foyer antique ! 6
Le hardi nautonnier qui, sur les flots amers, 12
Creuse un sillon d'écume, 6
A le phare éclatant, dont la brise des mers 12
Tord l'aigrette qui fume ! 6
25 Les dieux ont les soleils qui gravitent, sans bruit, 12
Loin du monde où nous sommes ; 6
Mais le puissant César, pour éclairer sa nuit, 12
Fait allumer des hommes ! 6
Il ordonne : et, soudain, comme d'un linceul noir, 12
30 Couverte de résine, 6
La victime enflammée illumine, le soir, 12
Les jardins de Sabine ! 6
On entend dans les airs, parmi les chants joyeux, 12
Monter les cris sans nombre 6
35 De ces flambeaux vivants qui luttent sous les feux 12
Et qui hurlent dans l'ombre ! 6
Sabine, cependant, guide un rapide char, 12
Par la longue. avenue, 6
Ou laisse errer ses doigts sur le luth de César, 12
40 Rêveuse et demi-nue ! 6
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