PATRIOTES |
Misère |
La faim mit au tombeau Malfilâtre ignoré. |
GILBERT.
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A mon air enjoué, mon rire sur la lèvre, |
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Vous me croyez heureux, doux, azime et sans fièvre, |
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Vivant, au jour le jour, sans nulle ambition, |
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Ignorant le remords, vierge d'affliction ; |
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A travers les parois d'une haute poitrine, |
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Voit-on le cœur qui sèche et le feu qui le mine ? |
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Dans une lampe sourde on ne saurait puiser : |
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Il faut, comme le cœur, l'ouvrir ou la briser. |
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Aux bourreaux, pauvre André, quand tu portais ta tête, |
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De rage tu frappais ton front sur la charrette, |
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N'ayant pas assez fait pour l'immortalité, |
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Pour ton pays, sa gloire et pour sa liberté. |
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Que de fois, sur le roc qui borde cette vie, |
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Ai-je frappé du pied, heurté du front d'envie, |
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Criant contre le ciel mes longs tourments soufferts : |
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Je sentais ma puissance, et je sentais des fers ! |
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Puissance,… fers,… quoi donc ? — rien ! encore un poëte |
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Qui ferait du divin, mais sa muse est muette, |
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Sa puissance est aux fers. — Allons ! on ne croit plus, |
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En ce siècle voyant, qu'aux talents révolus. |
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Travaille : on ne croit plus aux futures merveilles. |
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Travaille !… Eh ! le besoin qui me hurle aux oreilles, |
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Étouffant tout penser qui se dresse en mon sein ! |
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Aux accords de mon luth que répondre ?… j'ai faim !… |
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