RAPSODIES |
Bénoni |
Sa jeunesse, qui ne fut pas toujours à l’abri du besoin,
lui fit contracter cette âpreté et cette inquiète cet
soupçonneuse irritabilité, suite infaillible, pour les âmes
fortes, de l’opposition entre la dépendance à laquelle
la nécessité es soumet, et de la liberté que demandent
les grandes pensées qui les occupent.
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CONDORCET.
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C’est ce qui m’a tué
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Bénoni Borel.
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Il dort, mon Bénoni, bien moins souffrant sans doute, |
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C’est le premier sommeil qu’aussi longtemps il goûte ; |
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Il dort depuis hier que, le regard terni, |
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Dans sa débile main il a serré la mienne, |
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Disant : Vous m’aimez tous ! maintenant qu’elle vienne ! |
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Il dort, mon Bénoni ! |
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Il dort, mon Bénoni ! viens le voir, il repose ; |
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Marche bien doucement, car le bruit l’indispose. |
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Viens le voir au salon d’où chacun s’est banni ; |
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Parlons bas, parlons bas, s’il allait nous entendre, |
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S’éveiller pour souffrir, son sommeil est si tendre ! |
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Il dort, mon Bénoni ! |
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Il dort, mon Bénoni ! de ta main inquiète |
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Relève ces rideaux ; oh ! regarde sa tête, |
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Vois ses grands yeux fermés, son front moins rembruni, |
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Le calme de ses traits ; tiens, le vois-tu sourire ? |
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Un doux rêve l’occupe, écoutons : il soupire |
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Il dort, mon Bénoni ! |
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Il dort, mon Bénoni ! quoi ! méchant, tu l’appelles ? |
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Laisse-le dans sa paix ; tu trembles, tu chancelles, |
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Tu l’embrasses, tu prends son bras qui m’a béni ! |
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Ne le réveille pas D’où naissent tes alarmes ? |
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Je vais pleurer aussi, si tu verses des larmes ? |
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Il dort, mon Bénoni ! |
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— Il dort, ton Bénoni ! Douce erreur que j’envie ! |
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Pauvre enfant ! ignorant le secret de la vie, |
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Son jour mélancolique avant l’heure a fini ; |
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Son Âme avait brisé son corps par la pensée, |
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Et sans être comprise aux cieux clic est passée ! |
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Il dort, ton Bénoni ! |
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