RAPSODIES |
L’Aventurier |
À D. KRAFFT.
Ne puis-je donc aller fumer où il me plaira le
cigare de mon existence ?
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AUTEUR CONNU.
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Ce désert étouffant est donc infranchissable ?… |
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Voilà bientôt deux nuits que j'ai quitté les bords ; |
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De l'aube à l'Occident je marche, et n'en suis hors. |
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Mes deux pieds lourdement s'enfoncent dans le sable, |
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Et mon bambou se rompt sous le poids de mon corps. |
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Harassé, je m'assieds, mourant et solitaire, |
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Ainsi qu'une ombre errante aux débris d'un château. |
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Rien ! pas un seul carbet sur ce vaste plateau. |
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D'un stupide regard je mesure la terre, |
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Qui se déploie au loin comme un large manteau. |
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Rien, que ma soif et moi : quel horrible silence ! |
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Je n'entends que mon râle et le bruit de mon cœur. |
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Je penche, je faiblis courbé par la douleur. |
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Dieu ! que l'homme est piteux en un désert immense ! |
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Dieu ! que l'homme est débile au souffle du malheur ! |
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Blasphème, aventurier, pleure, et te désespère, |
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Au réveil trop cruel d'un trop court songe d'or… |
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Mon sort est mérité, peut être pire encor ; |
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Dans la tombe en partant j'ai poussé mon vieux père : |
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Je voulais l'opulence, et j'embrasse la mort. |
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