Métrique en Ligne
BER_1/BER27
Pierre-Jean de BÉRANGER
Chansons
Tome I
1815
LA DOUBLE IVRESSE
AIR : Que ne suis-je la fougère !
Je reposais sous l'ombrage, 7
Quand Nœris vint m'éveiller : 7
Je crus voir sur son visage 7
Le feu du désir briller : 7
5 Sur son front Zéphire agite 7
La rose et le pampre vert ; 7
Et de son sein qui palpite 7
Flotte le voile entr'ouvert. 7
Un enfant qui suit sa trace 7
10 (son frère, si je l'en crois) 7
Presse pour remplir sa tasse 7
Des raisins entre ses doigts. 7
Tandis qu'à mes yeux la belle 7
Chante et danse à ses chansons, 7
15 L'enfant, caché derrière elle, 7
Mêle au vin d'affreux poisons. 7
Nœris prend la tasse pleine, 7
Y goûte, et vient me l'offrir. 7
Ah ! Dis-je, la ruse est vaine : 7
20 Je sais qu'on peut en mourir. 7
Tu le veux, enchanteresse ; 7
Je bois, dussé-je en ce jour 7
Du vin expier l'ivresse 7
Par l'ivresse de l'amour. 7
25 Mon délire fut extrême : 7
Mais aussi qu'il dura peu ! 7
Ce n'est plus Nœris que j'aime, 7
Et Nœris s'en fait un jeu. 7
De ces ardeurs infidèles 7
30 Ce qui reste c'est qu'enfin, 7
Depuis, à l'amour des belles 7
J'ai mêlé le goût du vin. 7
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