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BEN_1/BEN73
Isaac de BENSERADE
Poésies de Benserade
1697
STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES, ETC.
À Madame Des-Houillières.
JEUNE et charmante Des-Houillières, 8
Naguère entre les écolières, 8
Et maintenant, depuis le prix, 8
Maîtresse entre les beaux esprits, 8
5 Quand je vous rends quelque visite, 8
Devant vous je crains, et j’hésite 8
À me plaindre de vos appas. 8
C’est bien pis, ne vous voyant pas. 8
Tant que je suis à la campagne, 8
10 Ma seule idée est ma compagne, 8
Et ma seule idée, entre nous, 8
Ne me représente que vous. 8
Toutes choses me sont contraires, 8
Et mes rivaux sont mes confrères. 8
15 Examinons-les donc un peu : 8
Pour vous, Boyer est tout en feu, 8
Boyer que vous menez en laisse, 8
Qu’il vous laisse là ; je luy laisse, 8
(Pourvu qu’il prenne un autre ton) 8
20 Jusques à mon dernier jetton. 8
Lavaux peut-être se dispense 8
De vous dire tout ce qu’il pense. 8
Quinaut, sera toûjours Quinaut, 8
C’est-à-dire, doux, tendre et chaud. 8
25 Dussay-je perdre mon escrime, 8
Je veux les perdre tous en rime, 8
Moy qui suis en rime fécond. 8
Du Perier sera mon second, 8
Sa maigreur est la seule chose 8
30 Dont je me sers, et que j’oppose 8
À l’embompoint de Charpentier, 8
À qui je ne fais point quartier, 8
Puis qu’il vous cajole et s’embrase 8
Dans tous vos fauteuils qu’il écrase. 8
35 Perraut, qui vous hante, et sur rien 8
N’affecte le goût ancien, 8
Voudroit faire avec vous des siennes, 8
Vous qui n’êtes pas des anciennes. 8
J’ay tout ce grand corps sur les bras, 8
40 Et Ménage qui n’en est pas. 8
Je n’en dis rien, mais j’en enrage ; 8
Et chez vous tout me fait ombrage. 8
Le Clerc n’est point là pour néant, 8
Tout rival me paroît géant. 8
45 Amour ne vit que de rapines : 8
L’on est toûjours sur les épines, 8
Et rien moins que sur le veloux, 8
Dès qu’on est absent et jaloux. 8
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