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BEN_1/BEN54
Isaac de BENSERADE
Poésies de Benserade
1697
STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES, ETC.
Contre une Vieille.
STANCES.
QUOY ! vous vous mariez, douce et tendre mignonne, 12
Et ne l’avez encore été ! 8
Je ne voy rien pourtant dessus vôtre personne 12
Qui ne prêche la chasteté. 8
5 Pour de l’âge, on sçait bien que vous n’en manquez guère, 12
Et, vôtre visage est garant, 8
Que ce qu’on fait pour vous se pouvoit fort bien faire 12
Du règne de Henry le Grand. 8
Vous éloignant d’icy, les bontés de la Reine 12
10 Ont purgé ce noble séjour ; 8
De même qu’un torrent, vôtre sortie entraîne 12
Toute l’ordure de la Cour. 8
Celuy qui vous épouse, en témoignant sa flâme, 12
N’établit pas mal son renom : 8
15 Qui s’est bien pû résoudre à vous prendre pour femme 12
Ira bien aux coups de canon. 8
Comme vous n’êtes plus qu’une vieille relique, 12
L’objet de la compassion, 8
Dés qu’on dit que sur vous un Sacrement s’applique, 12
20 On pense à l’Extrême-Onction. 8
Qui se lie avec vous espère un prompt veuvage ; 12
Et sans doute ce pauvre Amant 8
Prétend que le contrat de vôtre mariage 12
Passe pour vôtre Testament. 8
25 Vous seriez bien sa mère, et la foy conjugale 12
Est mal placée entre vous deux ; 8
L’inceste est en effet une chose si sale, 12
Que le portrait en est hideux. 8
Les plus intemperez de vôtre bonne grâce 12
30 Ne bailleroient pas un teston, 8
Et l’on peut faire état qu’on est à la besace 12
Quand on vous touche le teton. 8
Souffrez ce petit mot, sans traiter de satire 12
Un style si franc et si doux : 8
35 Vous êtes en un point où l’on ne peut médire, 12
Quelque mal qu’on dise de vous. 8
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