Métrique en Ligne
BEN_1/BEN49
Isaac de BENSERADE
Poésies de Benserade
1697
STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES, ETC.
SONNET.
LES plus fiers animaux, l’un à l’autre opposez, 12
Ne laissent pas d’avoir l’âme reconnoissante ; 12
Et bien plutôt que vous, ils sont aprivoisez, 12
Vous, de qui la douceur n’est rien moins qu’innocente. 12
5 Loin d’alléger mes fers qui devroient être usez, 12
Vous insultez vous-même à ma douleur pressante ; 12
Et tout le monde sçait que vous me méprisez, 12
Ingrate, n’est-ce pas assez que je le sente ? 12
Si le bruit du triomphe importe à vos appas, 12
10 Où n’est-il point connu que vous ne m’aimez pas ? 12
Pour dire un malheureux il suffit qu’on me nomme. 12
Un amant souffre tout et doit être constant ; 12
Mais, injuste beauté, sçachez qu’un honnête homme 12
Ne s’accommode point d’un mépris éclatant. 12
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