II |
La Nasse |
Les Turcs ont passé là. |
V. HUGO, Orientales.
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Koning a passé là. — C'est parfaitement clair. |
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Une écœurante odeur de marée emplit l'air |
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Sur le boulevard Poissonnière : |
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Cela sort du Gymnase et de son corridor, |
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Où l'on peut voir Koning nager dans les flots d'or, |
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Vingt dédits dans son aumônière ! |
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Tout est désert. — On fait le vide autour de lui. |
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Seule, une enfant, dont l'œil noir et profond reluit, |
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Approche Koning et l'affronte. |
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Elle va, court et rit, et cela sans trembler. |
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Mais, pour ne point la voir et ne point lui parler, |
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Marais descend quand Lina Munte. |
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«Ah ! dit Bébé, voyant Marais plein de souci, |
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Frère, quelle douleur peut transformer ainsi |
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Celui que l'esprit illumine ? |
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Tu sais des calembours ! et seul, à l'Odéon, |
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Jadis tu déridais Duquesnel, ô Léon ! |
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Pourquoi fais-tu si triste mine ? |
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N'es-tu pas le premier de nos jeunes premiers ? |
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N'as-tu pas, à Saint-Flour ainsi qu'à Coulommiers, |
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Ému la femme du notaire ? |
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Ne reçois-tu donc pas tous les soirs des poulets ? |
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Veinard ! Dis ? et n'aurais-tu pas, si tu voulais, |
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Toutes les belles de la terre ? |
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Ta renommée est grande et l'on parle de toi. |
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Ton portrait, entre ceux de Valtesse et du Roy, |
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Se voit à tous les étalages. |
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Plus d'une, en passant, dit : Comme il est distingué ! |
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Et ce refrain s'entend : J'aime Marais, ô gué ! |
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Dans Paris et dans les villages ! |
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Et je te trouve triste ? Eh quoi ! tout te sourit : |
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L'amour et la beauté, sans compter ton esprit, |
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Et la gloire avec ses cymbales ; |
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Que veux tu donc de plus sans paraître exigeant ? |
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«-Ami, répond Marais, as-tu beaucoup d'argent ? |
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Je veux soixante mille balles !» |
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Juillet 1883
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