Métrique en Ligne
BCH_1/BCH96
Maurice Bouchor
LES POËMES DE L'AMOUR ET DE LA MER
1876
II
LA MORT DE L'AMOUR
XLII
Une nuit orageuse et toute sombre. A peine 12
Un éclair entr'ouvrait l'abîme du ciel noir 12
Et me montrait la mer épouvantable à voir, 12
Qui semblait écumer de colère et de haine. 12
5 Sur ta face roulaient tes grands cheveux d'ébène, 12
O ciel ! voilant tes yeux, les étoiles du soir. 12
Et sur la plage, seul, veillait mon désespoir, 12
Et j'écoutais le vent comme une voix humaine. 12
L'amour agonisait dans mon cœur désolé, 12
10 Mon avenir s'était, comme la nuit, voilé ; 12
Et je pleurai longtemps. — J'allais, fou, sans idée, 12
Laissant mes pleurs couler et se sécher au vent ; 12
Car je versais alors mes derniers pleurs d'enfant, 12
Et j'en voulus avoir toute l'âme inondée. 12
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