II |
LA MORT DE L'AMOUR |
XXIX |
Il me semblait qu'une femme inconnue
Avait pris par hasard cette voix et ces yeux ;
Et je laissai passer cette froide statue
En regardant les cieux.
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A. DE MUSSET.
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Bonsoir ! Et pourquoi donc me regarder ainsi ?. |
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C'est bien toi, n'est-ce pas, qui m'aimes'et que j'aime. |
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L'heure du rendez-vous a sonné ; c'est ici |
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Que l'on s'est tant aimé, lors de la nuit suprême. |
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N'entends-tu pas chanter le rossignol des bois ? |
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N'entends-tu pas gémir les flots pleins de tristesse ? |
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Et dans le vent des cieux, dans le vent d'autrefois, |
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N'entends-tu pas chanter nos baisers de jeunesse ? |
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Peut-être est-ce un fantôme ironique et moqueur |
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Qui tout à coup a pris la forme de l'aimée, |
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Et qui vient voir s'il reste une corde à mon cœur |
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Pour la faire vibrer dans la nuit parfumée ? |
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Si je ne te dis rien, est-ce ma faute, à moi ? |
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Quand je te parle, enfant, tu demeures muette ; |
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Et me sentant glacer par un mortel effroi, |
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Hélas ! je ne suis plus amoureux ni poëte. |
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Ah ! si ce n'est pas toi que j'ai devant les yeux, |
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Pourquoi ce battement de cœur ? Quelle folie, |
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Quand l'heure de l'amour est remontée aux cieux, |
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De tendre à ses baisers une lèvre pâlie ! |
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Vous ne reviendrez plus, beaux songes, visions |
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Qui nous illuminaient les sombres nuits farouches ; |
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O paroles d'amour qu'au vent nous dispersions, |
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Vous ne reviendrez plus murmurer sur nos bouches |
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Pourtant, rien n'est changé : douce et pâle toujours, |
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La lune a conservé sa féerie et ses charmes, |
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Et j'ai là devant moi l'Ombre de mes amours |
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Qui me glace le cœur et qui sèche mes larmes. |
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