Métrique en Ligne
BCH_1/BCH82
Maurice Bouchor
LES POËMES DE L'AMOUR ET DE LA MER
1876
II
LA MORT DE L'AMOUR
XXVIII
Le vent roulait les feuilles mortes ; mes pensées 12
Roulaient comme des feuilles mortes, dans la nuit. 12
Jamais si doucement au ciel noir n'avaient lui 12
Les mille roses d'or d'où tombent les rosées. 12
5 Une danse effrayante, et les feuilles froissées 12
Et qui rendaient un son métallique valsaient, 12
Semblaient gémir sous les étoiles, et disaient 12
L'inexprimable horreur des amours trépassées. 12
Les grands hêtres d'argent que la lune baisait 12
10 Étaient des, spectres : moi, tout mon sang se glaçait 12
En voyant mon aimée étrangement sourire. 12
Comme des fronts de morts nos fronts avaient pâli, 12
Et, muet, me penchant vers elle, je pus lire 12
Ce mot fatal écrit dans ses grands yeux : l'oubli. 12
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