Métrique en Ligne
BCH_1/BCH79
Maurice Bouchor
LES POËMES DE L'AMOUR ET DE LA MER
1876
II
LA MORT DE L'AMOUR
XXV
PRINTEMPS TRISTE
Le bruit de la mer désolée, 8
Adouci, semble un chant là-bas, 8
Lorsque marchant à petits pas 8
Tu parais au fond de l'allée… 8
5 N'est-ce pas que tout est divin, 8
La brise triste qui murmure, 8
La silencieuse nature 8
Et les étoiles d'argent fin ? 8
Leurs yeux sont de pures lumières, 8
10 Des bijoux vraiment merveilleux : 8
Qu'est-ce donc au prix de tes yeux 8
Étincelant sous tes paupières ? 8
Sous les grands arbres nous marchons, 8
Les mains tendrement enlacées, 8
15 Roulant Dieu sait quelles pensées, 8
Regardant les premiers bourgeons… 8
Bien qu'avril joyeux nous convie 8
A chercher les premières fleurs 8
Dans l'herbe fraîche, tout en pleurs, 8
20 Qui s'épanouit à la vie, 8
N'auras-tu pas quelque regret 8
Pour la saison charmante et gaie 8
Qui donne aux âmes fatiguées 8
Un bonheur tranquille et discret ? 8
25 Quant à moi, mignonne, il me semble 8
Laisser un lambeau de ma chair 8
A tous les noirs buissons d'hiver 8
Qui nous voyaient passer ensemble. 8
Le rire du printemps vermeil 8
30 Ne fera jamais que j'oublie 8
La profonde mélancolie 8
Du pâle et maladif soleil 8
Que, de nos fenêtres bien closes, 8
Tandis que tu dormais encor, 8
35 Je voyais, comme un globe d'or 8
Rouler le long des houles roses. 8
logo du CRISCO logo de l'université