Métrique en Ligne
BCH_1/BCH76
Maurice Bouchor
LES POËMES DE L'AMOUR ET DE LA MER
1876
II
LA MORT DE L'AMOUR
XXII
IV
Oh ! sois bénie et sois encor bénie, ô toi 12
Que j'aimais sans penser à rien et comme en rêve, 12
Quand le sombre océan sanglotait sur la grève 12
Sans jamais nous donner de visions d'effroi. 12
5 Nous ne comprenions pas, blottis sous notre toit, 12
Les mots qu'il nous jetait lugubrement, sans trêve ; 12
Car en ces jours perdus de jeunesse si brève 12
Nous nous laissions. bercer dans les bras de la foi. 12
Et la mer n'était rien pour nous — la mer profonde — 12
10 Qu'un gouffre inconscient roulant l'onde sur l'onde, 12
Qui mourait sur le sable et renaissait sans fin. 12
A présent, j'ai senti la navrante amertume 12
Du monstre glauque, plus terrible que la faim, 12
Qui sur nos longs baisers jetait sa froide écume. 12
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