Métrique en Ligne
BCH_1/BCH74
Maurice Bouchor
LES POËMES DE L'AMOUR ET DE LA MER
1876
II
LA MORT DE L'AMOUR
XXII
II
Mais sans toi, rien n'est doux. Une plainte étouffée 12
Sort de la grande mer sinistre ; tout est noir ; 12
Il ne reste plus rien dans l'air triste du soir 12
De ces parfums ailés qui passaient par bouffée. 12
5 Certe, il faudrait ici ta baguette de fée 12
Qui fait briller le ciel et qui le fait pleuvoir, 12
Afin que, secouant son morne désespoir, 12
La nature chantât comme à la voix d'Orphée. 12
Et les prés sont en deuil, sans grâce ni beauté ; 12
10 Et moi, foulant sans fin le rivage attristé, 12
Je rêve qu'aujourd'hui ma bien-aimée est morte. 12
Que nos amours sont bien finis — et je me plains 12
A la mer, et mes yeux de larmes sont tout pleins, 12
Et la mer me répond sans cesse : Que m'importe ? 12
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