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BCH_1/BCH68
Maurice Bouchor
LES POËMES DE L'AMOUR ET DE LA MER
1876
II
LA MORT DE L'AMOUR
XVII
Par les larmes que j'ai versées 8
Et par les larmes de tes yeux, 8
Par l'échange de nos pensées 8
Qui croisent leur vol dans les cieux, 8
5 Et par la beauté des soirées 8
Où, la brise dans les cheveux, 8
Devant les étoiles sacrées 8
Nous formions de si chastes vœux ; 8
Par tant de choses envolées 8
10 De notre amoureux paradis, 8
Quand nos âmes inconsolées 8
S'épanouiront-elles, dis ? 8
Oh ! dis-moi, quand les nuits divines 8
Qui nous enivraient de parfums 8
15 Ceindront-elles de perles fines 8
Leurs magnifiques cheveux bruns ? 8
Quand les chênes pleins de murmures 8
Jetteront-ils, vieillards bénis, 8
L'ombre épaisse de leurs ramures 8
20 Sur tant de baisers infinis ? 8
Quand vivrons-nous ? quand la matière 8
Mordue au cœur par le désir 8
Dans une aveuglante lumière 8
Rugira-t-elle de plaisir, 8
25 Si bien que notre joie immense 8
Aille se fondre peu à peu 8
Dans l'universelle démence 8
Qui fait bondir la terre en feu ? 8
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