Métrique en Ligne
BCH_1/BCH67
Maurice Bouchor
LES POËMES DE L'AMOUR ET DE LA MER
1876
II
LA MORT DE L'AMOUR
XVI
Souviens-toi ! c'était un matin d'automne, 10
Les oiseaux chantaient leur chanson d'adieu ; 10
Le ciel immuable et que rien n'étonne 10
Sur nos fronts riait, splendidement bleu. 10
5 Comme si nos cœurs n'avaient point de peine, 10
Comme si nos yeux étaient secs de pleurs, 10
Dans l'air embaumé de leur tiède haleine 10
Orgueilleusement ondulaient les fleurs. 10
Ah ! Nature, ah ! mère étrange et cruelle, 10
10 Pour ainsi chanter, pour ainsi fleurir, 10
Pour te faire ainsi plus grande et plus belle, 10
Tu ne sens donc pas que l'on va mourir ? 10
Tu fis un matin du brumeux décembre 10
Aussi beau qu'un jour du glorieux mai, 10
15 Et le clair soleil inonda la chambre 10
Où pendant un an nous avions aimé. 10
Souviens-toi ! parfum, musique et lumière 10
En venant à nous nous glaçaient le cœur, 10
Et nous écoutions la chanson dernière 10
20 Des oiseaux des bois qui chantaient en chœur. 10
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