Métrique en Ligne
BCH_1/BCH52
Maurice Bouchor
LES POËMES DE L'AMOUR ET DE LA MER
1876
II
LA MORT DE L'AMOUR
I
J'étais l'enfant sacré de la grande Nature, 12
Je marchais comme un dieu dans les sentiers déserts ; 12
Par les prés, par les monts errant à l'aventure, 12
J'écoutais tout le jour d'ineffables concerts. 12
5 J'envoyais des baisers aux lointaines étoiles ; 12
Et lorsque dans la pourpre ardente du soleil 12
Je regardais glisser légèrement les voiles, 12
Le cœur me bondissait d'un élan nonpareil : 12
Car la mer où chatoient des milliers d'émeraudes, 12
10 Des saphirs transparents et des rubis en feu, 12
La riche mer séduit toutes les têtes chaudes 12
Et promène les cœurs sur son infini bleu. 12
Le chant des rossignols, le vol des hirondelles, 12
Tout appartient à nous avant d'avoir vingt ans ; 12
15 L'amour de la beauté sait nous donner des ailes 12
Et nous nous envolons dans la joie, en chantant ! 12
Mais le vent a soufflé sur le château des nues, 12
Tout s'est évanoui dans la clarté des cieux ; 12
Je suis redevenu le vagabond des rues 12
20 Et Paris m'a repris dans ses bras monstrueux. 12
logo du CRISCO logo de l'université