Métrique en Ligne
BCH_1/BCH49
Maurice Bouchor
LES POËMES DE L'AMOUR ET DE LA MER
1876
I
LA FLEUR DES EAUX
XLVIII
Le ciel tranquille sur nos têtes 8
Étalait son dais glorieux ; 8
Baissant leurs clairons, les tempêtes 8
Attendaient au fond noir des cieux. 8
5 Et les ténèbres solennelles 8
Qu'enrichissent quelques fleurs d'or, 8
Déployaient leurs lugubres ailes 8
Sur la mer calme qui s'endort. 8
Et nous demeurions face à face, 8
10 Immobiles comme les flots, 8
Silencieux comme l'espace, 8
Sans rire, larmes, ni sanglots. 8
Et je pressais ta main, plus blanche 8
Que la main d'un spectre évoqué ; 8
15 Et ton front douloureux qui penche 8
A tout jamais semblait marqué. 8
Le clair de lune fantastique 8
De notre ciel était banni ; 8
Le bruit joyeux de la musique 8
20 Ne troublait pas notre infini. 8
Tous deux nous nous taisions ; que dire 8
Quand on pouvait encor s'aimer ? 8
J'ai vu ton mystique sourire 8
Rêveusement se refermer, 8
25 Et sous leurs franges d'or soyeuses 8
Ne s'épanouir que bien peu 8
Tes prunelles, fleurs somptueuses 8
Faites de sombre velours bleu. 8
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