Métrique en Ligne
BCH_1/BCH40
Maurice Bouchor
LES POËMES DE L'AMOUR ET DE LA MER
1876
I
LA FLEUR DES EAUX
XXXIX
SÉRÉNADE EN HIVER
La nuit est froide, mais si belle 8
Que, si ta beauté m'est rebelle,. 8
Sur ta poitrine de satin 8
Où j'ai vu fleurir deux grenades 8
5 Je puis chanter des sérénades 8
Jusqu'au lever du bleu matin. 8
Je peux me morfondre, et redire 8
La grâce de ton doux sourire 8
Humide, velouté, vermeil, — 8
10 Si ta fenêtre reste close, 8
Et si ton joli museau rose 8
N'apparaît pas comme un soleil ! 8
Et pourtant la bise me glace ; 8
Et si tu me gardais ma place 8
15 A tes genoux, auprès du feu, 8
Que j'aimerais la nuit entière 8
Voir rayonner sous ta paupière 8
Les mille étoiles du ciel bleu ! 8
La nuit est belle, mais glacée… 8
20 Que je l'aurais bien mieux passée 8
Là-haut dans le boudoir bien clos ! 8
S 'il pouvait de cette croisée 8
Tomber l'amoureuse rosée 8
Des baisers sous tes doigts éclos ! 8
25 Ma peine, hélas ! est infinie. 8
J'ai, pour me tenir compagnie, 8
A chaque moustache un glaçon : 8
Oh ! que ma prière te touche, 8
Et je jure que sur ta bouche 8
30 Je te finirai la chanson ! 8
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