Métrique en Ligne
BCH_1/BCH27
Maurice Bouchor
LES POËMES DE L'AMOUR ET DE LA MER
1876
I
LA FLEUR DES EAUX
XXVI
« Vous m'avez appelée, et moi j'ai répondu ; 12
Sans compter, de baisers je vous ferai l'aumône ! 12
Vous m'avez invoquée, et moi j'ai descendu, 12
Pour aller jusqu'à vous, les marches de.mon trône. 12
5 « Ma chevelure d'or traîne derrière moi, 12
Elle n'a pas besoin de perles, d'escarboucles ; 12
Car le soleil, mon père, est un tout-puissant roi 12
Qui de mille splendeurs fit rayonner mes boucles. 12
« Pourtant, ne tremble pas devant ma majesté ; 12
10 Mon cœur est moins hardi que celui des gazelles, 12
Je n'ose pas songer à ma propre beauté 12
Et je n'ai point encor tenté d'ouvrir mes ailes. 12
« Et je veux à tes pieds jeter, ô mon amant, 12
Et ma toute-puissance et la grâce qu'on vante ; 12
15 Ne t'agenouille pas, mais plutôt sois clément, 12
C'est moi qui devant toi suis prise d'épouvante. 12
« Songe que j'ai quitté l'olympe où je rêvais 12
Et que j'ai dénoué ma ceinture dorée ; 12
J'ai tenté la fortune et le monde mauvais, 12
20 Et, faisant vœu d'amour, je ne suis plus sacrée. 12
« Je ne regrette pas cet amour maternel 12
Qui parfumait mon cœur et qui berçait ma couche, 12
Mais je veux que, pareils aux colombes du ciel, 12
Mille de tes.baisers s'envolent vers ma bouche ! » 12
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