Métrique en Ligne
BCH_1/BCH26
Maurice Bouchor
LES POËMES DE L'AMOUR ET DE LA MER
1876
I
LA FLEUR DES EAUX
XXV
TES CHEVEUX
Défais tes cheveux, que l'on voie 8
Avec mille reflets de soie 8
Ondoyer leur flot qui descend, 8
Comme un soleil dorant les nues, 8
5 Sur tes blanches épaules nues 8
Et sur ton dos éblouissant. 8
N'y laisse pas mordre ton peigne ; 8
Que le flot t'enlace et te baigne, 8
Et s'il te noie, eh bien, tant pis ! 8
10 Permets à cette étrange houle 8
Qu'elle s'enroule et se déroule 8
Et ruisselle jusqu'au tapis. 8
Demeure immobile, statue 8
D'une chevelure vêtue : 8
15 Que ne puis-je, ivre de désirs, 8
Parmi l'or de tes folles boucles 8
Faire flamber les escarboucles 8
Et miroiter l'eau des saphirs ! 8
Que tes cheveux versent de joie, 8
20 Et quelle lumière flamboie 8
Aux yeux éblouis et grisés ! 8
Qu'ils sont fins, subtils et folâtres, 8
Comme la cendre autour de l'âtre 8
Fuyant au souffle des baisers ! 8
25 Laisse mes doigts nerveux les tordre, 8
Ma bouche à belles dents les mordre ! 8
Et si, lasse d'amour, tu veux 8
Que notre extase enfin s'achève, 8
Tu peux m'embaumer en plein rêve 8
30 Dans le linceul de tes cheveux. 8
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