Métrique en Ligne
BCH_1/BCH25
Maurice Bouchor
LES POËMES DE L'AMOUR ET DE LA MER
1876
I
LA FLEUR DES EAUX
XXIV
Mignonne, il est des hypocrites 8
Qui effeuillent des marguerites 8
Dans l'herbe et le long des sentiers, 8
Qui n'osent entamer leur rêve 8
5 Du bout des dents, geignent sans trêve. 8
Et soupirent des mois entiers. 8
Ils n'écoutent pas les murmures 8
Qui glissent parmi les ramures 8
Et leur devraient troubler le cœur ; 8
10 Et leurs corps sont vraiment des marbres 8
S'ils ne voient pas frémir les arbres 8
De je ne sais quelle langueur. 8
Ah ! crois moi, puisque la jeunesse 8
Nous fait déborder d'allégresse, 8
15 Allons au bonheur sans détours ; 8
Levons tant de mystiques voiles, 8
Et laissons luire les étoiles. 8
Sur nos éblouissants amours. 8
Ah ! mon cœur, tes lèvres, tes lèvres ! 8
20 Pour éteindre l'ardente fièvre 8
Dont tous mes sens sont embrasés, 8
Donne-les-moi que je les baise, 8
Tes sanglantes lèvres de fraise ! 8
Je les mangerai de baisers. 8
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