Métrique en Ligne
BCH_1/BCH20
Maurice Bouchor
LES POËMES DE L'AMOUR ET DE LA MER
1876
I
LA FLEUR DES EAUX
XIX
S'il me fallait mourir le premier soir d'amour 12
Où ton âme serait fiancée à la mienne, 12
Où ton corps, éclatant de la splendeur du jour, 12
A mon corps enlacé comme par une chaîne, 12
5 Me livrerait ses chairs superbes, ses seins blancs 12
Dont les pointes sont des rubis étincelants, 12
Avec sa large hanche à l'opulent contour 12
Et ses jambes d'ivoire amoureuses et fines ; 12
S'il me fallait mourir par ce beau soir d'amour 12
10 Dans un enivrement de voluptés divines, 12
Je n'hésiterais pas, et mon cœur tourmenté 12
Dans un instant mettrait toute une éternité 12
Et je me coucherais, pour ne plus m'éveiller, 12
Sous des rideaux de pourpre et parmi les dentelles ; 12
15 Je poserais mon front brûlant sur l'oreiller, 12
Et, quand j'aurais goûté tes caresses mortelles, 12
Je baiserais ta bouche et je m'endormirais 12
Dans le tiède parfum de ton corps jeune et frais. 12
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