Métrique en Ligne
BCH_1/BCH18
Maurice Bouchor
LES POËMES DE L'AMOUR ET DE LA MER
1876
I
LA FLEUR DES EAUX
XVII
O ma chère, qu'il t'en souvienne ! Et qu'il te plaise, 12
En tes pensers, de voir souvent cette falaise 12
Où l'on respirait l'air libre et puissant du ciel ; 12
Où, les yeux étonnés d'un spectacle éternel 12
5 Et l'oreille attentive aux immenses murmures 12
De l'Océan, du vent qui passe et des ramures 12
Des grands arbres tordus au vent du ciel, couchés 12
Dans la fougère, ayant à nos pieds les rochers 12
Et la plage — en rêvant nous laissions fuir les heures… 12
10 Souviens-toi comme hier, quand je te dis : « tu pleures, 12
Et pourquoi pleures-tu quand nous nous aimons tant ? » 12
Un sourire passa sur ta bouche, emportant 12
La tristesse d'un cœur qui contient trop de choses. 12
Et tes lèvres de pourpre étaient deux belles roses 12
15 Qui me tentaient la bouche et riaient à plaisir. 12
Comme un avare, j'ai prolongé mon désir, 12
Muet, t'enveloppant d'un regard tout entière ; 12
Tes beaux cheveux étaient inondés de lumière, 12
Et tes yeux à travers tes cheveux emmêlés 12
20 Apparaissaient — comme des bluets dans les blés ! 12
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