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BCH_1/BCH130
Maurice Bouchor
LES POËMES DE L'AMOUR ET DE LA MER
1876
III
L'AMOUR DIVIN
XXXII
Adieu la mer ! je suis repris 8
Par les sombres flots de Paris, 8
Aussi morne, aussi monotone. 8
O soleils couchants, les derniers 8
5 Dont notre œil ébloui s'étonne ! 8
Au vent furieux de l'automne 8
Se tordent les grands marronniers. 8
Sur ma main appuyant mes tempes 8
A la fauve clarté des lampes, 8
10 Feuilletant bouquins, manuscrits, 8
Grimoires d'un âge effroyable 8
Et dont les rats se sont nourris, 8
J'ai l'air d'appeler des esprits 8
Et de vendre mon âme au diable ; 8
15 Il ne viendra pas : travaillons. 8
J'étoufferai sous les bâillons 8
La voix de mon désir qui crie. 8
L'amour humain, l'amour divin, 8
Tout m'a menti, — hier fleurie, 8
20 Ma rose d'amour est flétrie — 8
J'ai vidé mon verre de vin. 8
Puisque l'amour est périssable, 8
Qu'il fuit comme des grains de sable 8
Entre les doigts des amoureux ; 8
25 Et puisque la beauté des choses, 8
Insensible, lasse nos vœux, 8
Et jette à peine en nos cheveux 8
Deux ou trois pétales de roses, 8
O muse au front sévère et doux, 8
30 Je veux te jurer à genoux 8
Un amour pieux et fidèle ; 8
Les yeux fermés —car le ciel bleu 8
Pour rêver, pour aimer m'appelle — 8
En cherchant la gloire immortelle 8
35 J'aurai l'air immortel pour Dieu ! 8
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