Métrique en Ligne
BCH_1/BCH119
Maurice Bouchor
LES POËMES DE L'AMOUR ET DE LA MER
1876
III
L'AMOUR DIVIN
XXI
Away ! Away !
BYRON.
Allons, la mer est belle et la brise se lève, 12
Les étoiles du soir palpitent dans les cieux ; 12
O vaisseau du hasard, sur l'océan du rêve, 12
Emporte-nous si loin que falaise ni grève 12
5 Ne trouble plus jamais le calme de nos yeux. 12
Toi seul peux me comprendre, infini d'amertume, 12
Ta grande voix est chère aux cœurs désabusés ; 12
Noir sur le pâle ciel le steamer crache et fume, 12
Et moi, je vois flotter dans la blanchâtre écume 12
10 Mon illusion morte et mes espoirs brisés. 12
Donnerai-je une larme à la terre adorée 12
Où tous mes souvenirs reposent à jamais ? 12
Ah ! la voûte d'azur splendidement dorée 12
M'invite à noyer tout dans la coupe sacrée 12
15 De l'extase divine et de la grande paix. 12
La mouette en passant m'effleurera de l'aile 12
Et s'enfuira dans l'air, pareille aux jours perdus 12
— Et, sentant que mon âme à l'univers se mêle, 12
J'appuierai, sombre amant d'une Beauté nouvelle, 12
20 Mes deux bras sur mon cœur pour qu'il ne batte plus. 12
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