Métrique en Ligne
BCH_1/BCH111
Maurice Bouchor
LES POËMES DE L'AMOUR ET DE LA MER
1876
III
L'AMOUR DIVIN
XIII
Mon cœur saigne en voyant passer les belles filles, 12
Les filles qui s'en vont chantant ou bien rêvant, 12
Légères comme un rêve et leurs cheveux au vent, 12
Et prennent le chemin des obscures charmilles. 12
5 Je ne les suivrai plus, les filles aux doux yeux, 12
Par les sentiers obscurs qui se perdent dans l'ombre 12
Où chuchotent sans fin de longs baisers sans nombre 12
Qui font bénir la vie et dédaigner les cieux. 12
Mon cœur ne se veut plus laisser prendre en leurs trames, 12
10 En ces trames d'amour qu'elles savent ourdir, 12
Et le printemps a beau renaître et reverdir, 12
Je veux fermer mes yeux au sourire des femmes. 12
Et pourtant, mon cœur saigne à les voir s'éloigner, 12
Leurs grands cheveux au vent, joyeuses et légères ; 12
15 Les heures d'autrefois qui me furent si chères 12
Sonnent dans ma mémoire et vont encor sonner, 12
Et sonneront toujours, tant que les belles filles 12
Passeront près de moi me regardant un peu, 12
A leur virginité disant un long adieu, 12
20 Avant de se livrer aux profondes charmilles. 12
logo du CRISCO logo de l'université