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corpus Pamela Puntel
Hippolyte BAYE
LA FRONTIÈRE
ESSAIS DE POÉSIES
1871
POUR DES OUBLIÉS
Oiseaux amis des fleurs nouvelles, 8
Du printemps joyeux troubadours, 8
Vous dont le vol aux mille tours 8
S'égaie aux folles ritournelles, 8
5 Chantez ici, chantez toujours. 8
Ne fuyez point, l'aile effrayée, 8
Si vous voyez dans les buissons 8
Reluire d'étranges tronçons : 8
Ce n'est qu'une lame broyée 8
10 Par les boulets ou les caissons. 8
Oui, c'est là que tonnait la guerre ! 8
Et peut-être aux éclairs sanglants 8
Que le bronze couve en ses flancs, 8
Mêliez-vous, étonnés naguère, 8
15 Vos cris, vos jeux et vos élans ? 8
Suspendez votre nid fragile 8
Autour de ce tertre où tout dort, 8
Nulle faux n'en rase le bord, 8
Nul pied n'attente à cet asile, 8
20 Car un ange y veille : la Mort ! 8
Là sont tombés, pour la patrie, 8
Trois fiers soldats, trois artilleurs. 8
Nul n'adoucit leurs derniers pleurs : 8
Tout fumait dans la batterie, 8
25 Et tant d'autres tombaient ailleurs ! 8
Les fleurs ont prêté leur parure 8
A la terre qui les couvrit. 8
Mais où survit leur nom écrit ? 8
Du buis, qui plante la verdure ? 8
30 Mais à leurs ombres qui sourit ? 8
Ah ! souvent sans doute, à l'aurore 8
Ou quand se meurt le jour lointain, 8
On pourrait, des bords du chemin, 8
Les entendre se plaindre encore 8
35 Que nul ne pleure leur destin. 8
Mais nos lèvres ont trop de haines… 8
C'est à vous, chantres innocents, 8
D'épancher ce funèbre encens. 8
Pour charmer les cendres humaines, 8
40 Il faut de doux et purs accents. 8
Attendrissez vos ritournelles, 8
Oiseaux charmants, gais troubadours ; 8
Ralentissez vos mille tours ; 8
Flattez, du doux bruit de vos ailes, 8
45 Ceux qui dorment là pour toujours. 8
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